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Une intelligence collective au service des projets hospitaliers
Octobre 2020
Interview avec David Habrias, Directeur Général du Groupe Kardham en charge de l'architecture, dans le N° 34/35 - édition spéciale Covid d'Architecture Hospitalière.
Kardham est le premier groupe indépendant français à intégrer l’ensemble des compétences métiers de la chaîne de valeur de l’immobilier professionnel : conseil, architecture, design d’espaces, ingénierie, digital. Fondé en 1992, le Groupe accompagne en France, en Europe et en Afrique, les utilisateurs et les grands professionnels dans l’ensemble de leurs réflexions immobilières, depuis la genèse stratégique des projets jusqu’à leur livraison complète. Dotée d’une équipe de 90 architectes, l’agence d‘architecture intégrée fonde sa valeur ajoutée dans sa capacité à coordonner les échanges interdisciplinaires pour mieux les concilier dans toutes les dimensions d’un projet, dans le respect d’une démarche rigoureuse et vertueuse. Depuis 40 ans, ses équipes n’ont cessé de parfaire leur pratique des grands projets dans de nombreux domaines : de l’aéronautique au spatial, de l’industrie à la santé, sans omettre le sport, la culture, le tertiaire ou encore le logement. Le savoir-faire des architectes se manifeste dans leur capacité à s’enrichir auprès des compétences du Groupe Kardham ou via des collaborations externes, avec des confrères ou des partenaires, tels que des sociologues, ergonomes, historiens, etc. Aujourd’hui, Kardham Architecture se trouve dans le Top 10 des agences d’architecture françaises.
Pouvez-vous nous présenter Kardham ?
David Habrias : Kardham est une société française indépendante et atypique dans le monde de l’architecture dont la philosophie est d’intégrer le maximum de compétences afin d’offrir les prestations les plus larges et les plus complètes possible à ses clients. En complément des métiers d’architecture, nous proposons des expertises dans les domaines du design d’espaces et d’aménagements intérieurs, de l’ingénierie, du conseil et du digital. Cet éventail de prestations fait la singularité de Kardham tout comme sa taille avec près de 400 collaborateurs. Nous proposons à nos clients de mettre en synergie ces différents métiers pour apporter le plus de valeur possible à nos différents projets. Notre organisation vise à mettre en oeuvre cette intelligence collective au service des projets de nos clients. Nous sommes une agence généraliste qui travaille sur différents types d’ouvrages qui ont en commun d’être des projets importants, complexes et multi-métiers. En plus du secteur de la santé, nous intervenons sur des grands équipements comme des aéroports, des stades, des centres commerciaux ou des immeubles de bureaux.
Dans quelle mesure cette organisation s’articulant autour de 5 pôles métiers vous permet-elle de proposer des solutions toujours innovantes dans le cadre de vos projets ?
D. H. : Chaque pôle est composé de spécialistes et d’experts de leur secteur qui viennent coordonner un écosystème interne ou externe à la recherche d’innovations dans des domaines connexes. Ce sont ces transferts de savoir-faire et de technologies qui nous permettent d’innover. Nous disposons d’autre part d’une branche Recherche et Développement importante et nous travaillons sur diverses thématiques avec des chercheurs et différentes écoles.
Quels sont les enjeux du secteur de la santé pour Kardham ?
D. H. : Notre savoir-faire dans ce secteur est historique. C’est un domaine en perpétuelle évolution qui est de plus en plus transverse à l’image de la qualité environnementale. La santé s’invite partout y compris en dehors de l’hôpital comme la crise COVID l’a révélé. Les problématiques sanitaires percolent dans tous les types de programmes. Les questions liées aux risques de contaminations sont devenues importantes pour toutes les constructions et poussent à des réfl exions qui vont bien au-delà du secteur de la santé. L’hôpital, lui, s’ouvre de plus en plus vers une offre de service élargie ce qui est intéressant pour un cabinet généraliste comme le nôtre. L’hôpital propose une offre globale avec de la restauration, de l’hébergement ou des services de conciergerie et s’ouvre sur son environnement en ne «confinant » plus ses patients. La notion de bien-être au travail est également en plein essor dans le monde hospitalier comme l’a démontré la crise sanitaire avec une usure importante du personnel soignant. L’hôpital doit faire face à des situations de crise de plus en plus compliquées et il n’est pas forcément encore adapté à ces questions de bien-être. C’est un lieu très technique et aseptisé qui repose sur des process médicaux stricts mais ce sont, avant tout, des humains qui y travaillent. Ce sont des sujets de réflexions qui nous sont chers : comment amener du bien-être et de la collaboration dans un lieu de santé ?
Comment les architectes peuvent-ils anticiper les pratiques et les modes de prise en charge de demain pour créer des structures innovantes et flexibles ?
D. H. : L’art de la projection est difficile ! Une crise comme celle du COVID était imprévisible dans sa dimension mais malheureusement prévisible dans sa nature. La taille de notre agence et le nombre de projets sur lesquels nous travaillons nous permettent d’être dans l’anticipation. Tous les sujets de ségrégation de flux sont des sujets que nous avons rencontrés dans d’autres univers comme le commerce, le sport ou les aéroports. Eviter que les flux de personnes ne se mélangent est aujourd’hui une problématique prégnante à l’hôpital. Les sujets n’arrivent pas avec le même rythme dans les différents secteurs mais le fait d’avoir une vision large nous permet d’avoir déjà réfléchi à des solutions lorsque les problèmes se présentent. Il est essentiel de ne pas se focaliser sur un petit couloir d’activités et de lever la tête et regarder ce qui peut se faire à proximité de nous. L’ultra-spécialisation de lieu est un modèle révolu. A présent, nous sommes dans un monde où tout converge avec de la mixité et des circuits courts. Il faudra être capable de trouver des codes communs plus universels et plus efficaces et en cela le modèle aéroportuaire est intéressant.
Quelle est la place de l’écoute des maitres d’ouvrage pour développer des projets qui soient toujours en réponse à leurs besoins et à leurs problématiques ?
D. H. : Tout le monde est en attente de solutions mais le changement est un processus long. Il faut se défaire de certaines habitudes de fonctionnement et de prérequis. La qualité de l’environnement de travail est bien souvent supérieure dans de très nombreux secteurs car la santé n’a pas encore jugé essentiel la notion de bien-être. Il n’y a pourtant pas de raisons de voir le monde de façon différente. Cette inertie culturelle, aussi normale soit-elle, doit évoluer. Notre rôle est de montrer à des maitres d’ouvrage ce qui existe et que des solutions qui fonctionnent chez d’autres peuvent fonctionner chez eux. Nous organisons régulièrement des conférences autour de thématiques universelles pour que des maitres d’ouvrage se rencontrent et réalisent qu’ils ont des points communs malgré des secteurs d’activité différents.
Quelle est votre vision de l’hôpital de demain ?
D. H. : L’architecture hospitalière de demain va tendre à s’humaniser autant que possible. Bien que ce voeu existe depuis longtemps, il reste beaucoup de chemin à parcourir. Si nous comparons avec d’autres pays, nous réalisons qu’en France nous sommes toujours très organisés autour de l’acte médical. Nous évoluons vers davantage d’ouverture et l’architecture de santé de demain continuera d’aller dans ce sens. Les concepteurs devront être agiles intellectuellement alors l’actualité démontre la nécessité de se réinventer vite et bien, parfois avec peu de moyens. Dans de nombreux domaines la notion d’expérience utilisateur existe et, même si elle a une forte connotation commerciale, elle peut aussi s’appliquer à l’hôpital. Pour un patient ou un accompagnant, une venue à l’hôpital n’est pas simple et peut être traumatique. Cette expérience utilisateur peut venir accompagner l’acte thérapeutique. C’est une notion qui va être intégrée de plus en plus et ce sera une nouvelle façon d’envisager les projets. L’idée est de faciliter le parcours du patient et rendre son expérience plus agréable. Bien que cette approche soit différente de ce qui se fait aujourd’hui, je pense que le monde médical est prêt à l’entendre. J’utilise volontairement le terme d’utilisateur car le patient n’est pas le seul à être impacté par cette expérience. Dans ce cadre, nous croyons beaucoup aux outils digitaux pour accompagner, mesurer et améliorer cette expérience utilisateur. Nous déterminons et isolons les principales catégories d’utilisateurs d’un lieu, nous réfléchissons à leur parcours et nous réfléchissons à comment améliorer leur expérience au fil de ce parcours. Nous devons nous soucier de toutes les personnes qui jouent un rôle au sein de l’hôpital. Que cela soit par l'architecture ou par tous les outils digitaux à notre disposition, nous pouvons aider l’ensemble des utilisateurs à vivre une meilleure expérience à l’hôpital.
Pouvez-vous nous présenter la borne interactive que vous avez développée ?
D. H. : C’est une initiative que nous avons eue il y a 4 ans et qui vise à mettre en place une architecture smart dans un projet de construction à l’image du gros oeuvre ou encore de la climatisation. Il s’agit de créer un coeur d’intelligence dans le bâtiment qui va venir interconnecter des équipements et des services à destination des exploitants du bâtiment d’un côté et des utilisateurs de l’autre. Ces outils peuvent prendre différentes formes en fonction de l’endroit où l’on se trouve mais cela peut être de la signalétique intelligente avec guidage via smartphone, des services de conciergerie, de l’utilisation d’équipements ou l’optimisation d’espaces. Le monde du digital est très vaste et va venir modifier radicalement l’approche que nous pouvons avoir d’un bâtiment qui deviendra de plus en plus un service plutôt qu’un objet.
Sentez-vous que les hospitaliers sont de plus en plus sensibles à ces nouvelles technologies ?
D. H. : Ils sont sensibles à condition que cela ne soit pas trop compliqué et que cela ne nécessite pas d’investissements complémentaires. Le BIM (Building Information Modeling) a eu du mal à s’imposer dans le milieu hospitalier car il nécessitait des ressources pour le faire fonctionner. Le monde hospitalier fait déjà face à une pénurie de moyens et de compétences sur ces sujets technologiques et les dirigeants hospitaliers attendent désormais un service et non de la complexité ou des coûts supplémentaires. L’enjeu pour nous est de développer des solutions qui fonctionnent, qui soient pérennes, robustes, sécurisées et qui apportent réellement un service. Si cette solution existe, les hospitaliers sont tout à fait d’accord pour l’accueillir. Nous utilisons l’informatique pour apporter un service complémentaire à des personnes qui en ont besoin.
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