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Entre digital et végétal, la convergence pour changer de modèle urbain
Décembre 2022
L'expert
Arnaud Pagès est journaliste. Il s’intéresse aux problématiques environnementales au sens large, avec une attention portée à la dimension urbaine. Il présente ici son nouvel ouvrage Villes de demain, Michel Lafon, 2022.
Dans cet ouvrage paru récemment, le journaliste et écrivain Arnaud Pagès fournit une synthèse de l’omniprésent sujet des villes de demain à partir d’un large éventail de tendances et de signaux faibles qu’il a glanés. Pour autant, la réflexion prospective s’enrichit d’une perspective historique, d’un temps long qui permet d’indiquer à la fois les évolutions qui ont produit les villes d’aujourd’hui tout en comprenant les faiblesses de nos modèles.
Le grand enjeu des villes de demain, à la fois smart et durables, réside précisément dans la capacité à faire émerger un modèle dual dans lequel le digital et le végétal convergent. Le digital d’abord, notamment dans sa capacité à venir rationnaliser les consommations énergétiques, devient incontournable dans le sens où il vient améliorer la production et la gestion de l’urbain, en dépit de l’impact environnemental qu’il a aussi. D’ailleurs, on peut légitimement se questionner sur cette course à une certaine forme d’extravagance digitale qu’incarnent par exemple le cloud infini, le metavers et la cohérence avec des exigences de sobriété qui vont aller croissantes. Le végétal ensuite avec une véritable transformation verte à l’œuvre grâce à la végétalisation des bâtiments, la promotion des parcs et jardins ou même l’agriculture urbaine. Digital et végétal se rejoignent et doivent donc être considérés comme des piliers pour l’émergence d’un modèle qui limite les effets du changement climatique, lequel est de toute façon déjà en cours, tout en permettant une adaptation. Il s’agit là d’une dimension presque darwinienne puisque notre espèce, dominante mais menacée par elle-même, doit trouver les solutions de l’adaptation. N’oublions jamais que les villes sont les objets les plus polluants que l’Homme a mis en œuvre et que la contrainte de plus en plus forte oblige à trouver de nouveaux équilibres, au risque de voir notre espèce mettre son avenir en péril. La contrainte accélère souvent le changement dans la douleur mais c’est aussi un chemin vers la résilience.
Si les leviers que sont le digital et le végétal peuvent être considérés comme puissants, ils ne restent néanmoins que des outils qui doivent être manipulés par les nombreux acteurs de la production urbaine. Et il faut bien l’admettre, la participation des citoyens est une tendance affirmée depuis quelques décennies, et qui remet au cœur du système les premiers concernés. Cette démocratie participative est aujourd’hui bien intégrée parmi les décideurs qui savent que les évolutions de la production et de la gestion urbaines se jouent à la fois au niveau des aménagements et des comportements. Et l’ensemble des acteurs de la ville ont aujourd’hui pleinement conscience des enjeux environnementaux au point que les comex des grandes entreprises de la production urbaine ou les élus impulsent de réels changements. La chasse au greenwashing permet d’ailleurs de limiter les initiatives les moins sérieuses mais globalement, les décideurs quels qu’ils soient ont bien conscience que des outils sont disponibles pour limiter les impacts de la ville sur l’environnement. Mais seule une approche globale peut permettre de poser les bases d’un nouveau modèle qui se caractérise par le fait que la smart city est aussi une ville végétalisée largement produite par le dialogue entre tous les acteurs. La convergence existe et il est vain d’opposer la technologie, la nature et l’humain tant l’interdépendance est forte.
Les villes de demain devront donc être capables de s’adapter au changement climatique en diminuant son impact, par des outils technologiques si besoin, mais aussi en donnant une part importante au vivant, qui est depuis longtemps trop marginalisé dans la production urbaine. Face à notre modèle actuel qui consomme une grande partie des ressources, les villes de demain seront capables de limiter leur impact environnemental tout en intégrant le vivant dans une dimension ville-nature.
L’ouvrage proposé est un ouvrage qui met en exergue les problèmes auxquels nous sommes tous confrontés mais qui se veut optimiste du fait de tendances déjà existantes qui redéfinissent la production urbaine, ainsi que du nombre d’initiatives qui le prouvent. Les tendances de fond comme les signaux faibles indiquent une volonté de plus en plus répandue de vivre l’urbain autrement à partir d’une ville responsable et capable d’être autre chose qu’une grande dévoreuse de ressources. Pour ce faire et afin de limiter les évolutions environnementales inexorablement en marche, la ville devra être innovante en se tournant à la fois vers la technologie et vers la nature, en regardant où nous allons mais aussi d’où nous venons.
Entretien avec l'auteur recueilli par Nicolas Cochard, Responsable R&D Kardham
Date de parution : Décembre 2022