Les lieux façonnent l'esprit

En quoi consistent vos activités ?
Kardham a pour vocation d’aider les grandes organisations privées et publiques à utiliser l’immobilier comme un vecteur sur lequel il est possible de s’appuyer pour mieux travailler. Concrètement, nous les aidons à adapter leurs ressources immobilières avec leurs besoins immobiliers afin que la stratégie de développement de l’entreprise soit bien servie. L’idée étant que les collaborateurs puissent évoluer dans des espaces où ils peuvent être productifs, s’accomplir et se sentir bien. Les lieux façonnent l’esprit. En fonction de l’endroit où vous êtes, vous pouvez être créatifs, reposés, ennuyés, heureux... D’ailleurs, les salariés ont tendance à choisir une entreprise où ils se reconnaissent. Le cadre immobilier, esthétique, technologique et l’aménagement des espaces reflètent non seulement leur aspiration à bien travailler mais aussi leurs valeurs. Chez Kardham, notre métier consiste à faire en sorte que l’immobilier, l’entreprise et les usagers s’accordent le mieux possible.

La QVT dépend donc de l’environnement de travail...
Bien sûr ! Selon une chercheuse canadienne, pour optimiser la QVT, il faut offrir à ses collaborateurs différents niveaux de confort. D’abord, un confort physique, qui permet de mettre à leur disposition des conditions (de lumière, de température, d’acoustique, de sécurité...) conformes à leurs attentes. Ensuite, nous avons un confort fonctionnel. Pour bien travailler, il faut être bien équipé. Il faut donc que les lieux soient bien organisés. Enfin, il y a également un certain confort psychologique que l’immobilier peut contribuer à atteindre.

Depuis le début de la pandémie, le rapport aux espaces de travail a fortement évolué notamment à cause du déploiement du télétravail. Qu’avez-vous pu observer à votre niveau ?
Le rapport aux espaces de travail a commencé à évoluer bien avant la crise sanitaire. La Covid n’a été qu’un accélérateur. Cela fait déjà quelques années que nous savons que les lieux de travail doivent être plus collaboratifs et intégrer plus de technologies. En effet, nous aspirions déjà tous à concilier les grands espaces tertiaires et l’indispensable sentiment de se sentir appartenir à un collectif. Et, nous savions aussi que les espaces de travail allaient tôt ou tard être influencés par la révolution du digital. Enfin, l’hybridation des lieux de travail était en phase de montée en puissance. Le télétravail a toujours existé : nous avons juste dû le subir massivement.

Aujourd’hui, une réflexion autour des espaces de travail est plus que nécessaire. Autour de quels axes, accompagnez-vous vos clients ?
Avant la crise, il y avait des divergences importantes entre les salariés, les corps sociaux qui les représentent et les directions. Les collaborateurs voulaient plus de confort et les directeurs plus de m2. Aujourd’hui, il y a une convergence de vue entre les salariés et leurs directions sur le fait que nous avons probablement moins besoin de m2, mais qu’il nous fallait des m2 bien mieux équipés avec un accompagnement dans la mise en œuvre d’un télétravail, non pas excessif mais harmonieux. Il faut donc pouvoir organiser les lieux de travail de façon à ce qu’ils soient plus fonctionnels, plus identitaires et plus technologiques. À l’évidence, l’avant crise ne ressemblera en rien à l’après crise, et c’est à nous de trouver le bon équilibre.

Propos recueillis par Houda Gharbi